23.10.2024

L’industrie chimique face à la crise : Comment préserver l’emploi et la compétitivité ?

Avis d'experts

L'industrie chimique en France occupe une position clé dans l'économie nationale, avec un rôle stratégique pour d'autres secteurs comme l'énergie, la santé et l'automobile. Elle est au cœur des projets d'avenir tels que l'hydrogène, les batteries, ou encore le recyclage. Pourtant, après une décennie de croissance continue, le secteur traverse une crise majeure, tant en France qu'en Europe.

Une industrie sous pression

En 2021, le secteur de la chimie prévoyait la création de 120 000 emplois d'ici 2027. Cette tendance a perduré jusqu'en 2023, avec une hausse de 1,3 % des effectifs, soit environ 26 000 recrutements. Mais depuis, la situation s'est dégradée. Le Conseil européen de l’industrie chimique (Cefic) a annoncé une chute de la production de 8,7 % en moyenne pour l'Europe au cours des onze premiers mois de 2023. La France, moins touchée, a vu une baisse limitée à 1 %, mais la fragilité persiste.

En 2024, la reprise reste incertaine avec un secteur qui doit réaliser de lourds investissements chaque année. Une étude réalisée à la demande de France Chimie estime que 15 000 emplois directs pourraient être menacés.

Un déficit de compétitivité mondiale

L'une des raisons de cette fragilisation s’explique par les coûts indirects, principalement ceux de l’énergie. Comparée à d’autres régions du monde ; comme les États-Unis, la Chine ou le Moyen-Orient, l'Europe, et en particulier la France, souffre d’un écart de compétitivité. De plus, les investissements agressifs dans ces régions créent des surcapacités mondiales qui pèsent sur le marché européen.

L'Inde, par exemple, devient un concurrent dans des segments comme les principes actifs pharmaceutiques. À cela s'ajoutent des pratiques commerciales forçant la chimie européenne à se défendre par des actions anti-dumping (Pas moins de 30 enquêtes anti-dumping ou anti-subvention ont été déposées à Bruxelles par la Chimie).

Comment, dans ce contexte, la France et l’Europe peuvent-elles maintenir leur ambition de souveraineté industrielle et technologique ?

Des pistes pour la relance

Face à cette crise, France Chimie a proposé plusieurs actions aux pouvoirs publics pour relancer la compétitivité du secteur. Ces mesures s'articulent autour de cinq axes :

  • Accès à une énergie décarbonée compétitive : Réduire les coûts énergétiques tout en favorisant la transition écologique.
  • Investissements et innovation : Accélérer les investissements dans les technologies de pointe.
  • Simplification réglementaire : Alléger la pression réglementaire qui freine l’innovation.
  • Équité de concurrence : Garantir des règles du jeu équitables face aux concurrents internationaux.
  • Évolution des compétences : Adapter les métiers de la chimie aux nouveaux enjeux technologiques et environnementaux.

Sécurité des procédés et décarbonation : Des enjeux interdépendants

Dans cette phase de transformation, la sécurité des procédés reste une priorité. Des accidents industriels majeurs comme ceux des sites Seveso (dont l’origine provient du nom de la commune italienne où s’est produit le premier accident technologique), AZF à Toulouse ou Lubrizol à Rouen, ont mis en lumière la nécessité d’une gestion rigoureuse des risques. La réglementation actuelle, dont la directive Seveso, impose des normes strictes sur les sites chimiques à haut risque, renforçant l’importance d’une sécurité accrue.

L’évolution vers une chimie plus verte, avec l’introduction de nouvelles technologies, complexifie la gestion des risques. La sécurité des procédés et la décarbonation deviennent ainsi des enjeux interdépendants : il est impératif d'investir dans des systèmes de production sûrs tout en progressant vers la neutralité carbone.

Le rôle de l’ingénieur sécurité des procédés

Dans ce contexte, le rôle de l’ingénieur sécurité des procédés prend une place importante. Ces experts sont responsables de l’évaluation des dangers liés aux nouvelles technologies et de la proposition de solutions pour prévenir les accidents. Leur mission est de développer des procédés intrinsèquement sûrs, qui protègent non seulement les sites industriels mais aussi l’environnement et les populations locales.

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Conclusion

Selon Frédéric Gauchet, président de France Chimie, "une chimie forte sur notre territoire est un des atouts majeurs de la souveraineté économique et de la transition écologique de notre pays". Toutefois, sans une réaction rapide, la France et l’Europe risquent de perdre des activités industrielles essentielles, mettant en péril la compétitivité et des milliers d'emplois.

L'avenir de l'industrie chimique repose sur un équilibre entre innovation technologique, sécurité des procédés et décarbonation, soutenu par des actions rapides des pouvoirs publics. Les entreprises du secteur doivent se préparer à des changements majeurs, et les talents capables d'accompagner cette transformation seront essentiels. Pour les Directeurs de sites industriels, les DRH et les managers de production, ces défis soulignent l'importance de recruter des profils experts capables de piloter la transition de manière sécurisée et durable.

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